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Afrique du Sud Avec le MOCAA, Le Cap devient une capitale de l’art contemporain

New York a son MoMA, Londres sa Tate Modern, Paris son Centre Pompidou. Désormais, il faudra aussi compter avec Le Cap et son Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (Zeitz MOCAA). Voulue par un Allemand, dessinée par un Britannique et dirigée par un Sud-Africain, l’institution a été inaugurée en grande pompe le vendredi 22 septembre.

Du haut de ses 57 mètres, c’est un monstre de béton. L’imposant silo à grain du port du Cap avait dominé dans sa jeunesse toute l’Afrique subsaharienne, mais il avait fini par se retrouver perdu au milieu des immeubles de verre, des yachts de luxe et du Victoria & Alfred Waterfront, le centre commercial le plus fréquenté du continent.

Sa transformation en vitrine de l’art contemporain africain a commencé il y a quatre ans. Vus d’en haut, les cent seize gigantesques tubes de béton ressemblaient aux alvéoles d’une ruche. On y stockait jadis des céréales qui nourrissaient des milliers de personnes. Désormais, on y présentera de l’art. Sur son flanc : six étages de salles d’exposition pour une surface de 9 500 mètres carrés, plus deux autres étages destinés aux performances et à l’éducation culturelle.

La réponse de l’Afrique au

MoMa

de New York ou à la Tate Modern de Londres.

Un homme, tenue décontractée, barbe de dix jours, est assis à une table ordinaire du rez-de-chaussée. C’est lui qui a donné son nom à ce musée spectaculaire et c’est un Allemand. Jochen Zeitz, 54 ans, a dirigé le conseil d’administration du fabricant d’articles de sport Puma. Il était alors le plus jeune président d’une société allemande cotée en Bourse. Il l’a fait sortir du rouge, entre autres en soutenant quatorze équipes nationales de football africaines. Il est engagé dans divers projets durables, dans la protection de l’environnement, le développement social et culturel. “Le rôle de collectionneur d’art ne me correspond pas du tout”, confie-t-il.

 

Cela fait plusieurs années que Le Cap présente une scène artistique dynamique. Mais, jusqu’à présent, les œuvres étaient présentées aux biennales et dans les musées d’Europe et des États-Unis. Il y a neuf ans seulement, Jochen Zeitz et Mark Coetzee, le directeur du MOCAA, se sont mis à acquérir des milliers œuvres d’art moderne africain, et ont accumulé ainsi l’une des plus grandes collections du continent. La plupart des pièces se sont retrouvées au dépôt. “Dès le début, l’objectif, c’était de trouver un lieu central pour la collection”, raconte Zeitz.

Des oeuvres “politiques, de toutes leurs fibres”

Dans une salle lumineuse, cent quatre-vingt-dix-sept briques rouges fixées à des câbles espacés de 30 à 50 centimètres pendent du plafond. Cette œuvre de l’artiste conceptuel sud-africain Kendell Geers rappelle la lutte contre l’apartheid, où les militants jetaient des briques sur les représentants du régime depuis les ponts autoroutiers. Jochen Zeitz nous montre également les œuvres de la Tunisienne Mouna Karray. Cette féministe déclarée voyage dans des régions en crise et se prend en photo sur les lieux de destruction, enveloppée dans un drap blanc. Son travail suit une tendance africaine qui consiste à ne faire de l’art qu’avec des sujets qu’on a éprouvés personnellement. Seront aussi exposés les corps de femme en cuir de vache de Nandipha Mntambo, 34 ans. “Ce musée va donner un énorme élan à l’art africain”, déclare l’artiste du Swaziland,

Conserver l’âme des anciens silos

Dans ce superbe bâtiment, les œuvres développent ici une force nouvelle, authentique. « Nous aurions pu raser complètement le bâtiment », déclare Heatherwick, « mais nous voulions conserver l’âme des silos ». Le béton neuf ajouté pour stabiliser la structure contraste avec les vieux tubes dont la surface a été laissée telle quelle par endroits. Ces zones non refaites représentent les cicatrices laissées par le temps.

C’est le Victoria & Alfred Waterfront qui a fourni les 33 millions d’euros nécessaires à la reconversion, une somme jamais atteinte en Afrique pour un projet d’art contemporain. Les étages supérieurs sont occupés par un hôtel de luxe. Le bijou du MOCAA demeure cependant le hall. Il doit, selon les souhaits de Zeitz, constituer un espace où toutes les couches de population se sentent bien. Ce n’est pas si simple. L’entrée est à 180 rands, soit 12 euros, pour les adultes. C’est moins que dans la plupart des musées similaires, mais encore supérieur au revenu quotidien de nombre de Sud-Africains.

Le MOCAA est en tout cas le sujet de conversation actuel dans la classe moyenne en expansion d’Afrique du Sud. Avec les 10 millions de touristes,  le Cap fait partie des lieux culturels les plus importants d’Afrique.

Source: Courrier International

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